« Dernier meurtre avant la fin du monde », de B.H.Winters

« La science l’avait repéré dès avril, mais pendant les deux premiers mois, il n’était apparu que dans la presse poubelle ou dans les titres rigolos de la page d’accueil de Yahoo. « La Mort venue du ciel ? » ou « Le Ciel nous tombe sur la tête ! », ce genre de choses. Pour la plupart des gens, c’est début juin que la menace est devenue réelle. (…) La circonférence de Maïa a été évaluée : entre 4,5 et 7 kilomètres. »

L’Humanité est condamnée : dans quelques mois, un astéroïde géant percutera la Terre. Ici-bas, c’est la débâcle : l’économie s’effondre, ceux qui le peuvent partent vivre leurs rêves toutes affaires cessantes, et un bon nombre de désespérés mettent fin à leurs jours.

Rien de surprenant, donc, dans cette affaire dont est chargé, ce matin-là, l’inspecteur Henry Palace : un homme vient d’être retrouvé pendu dans les toilettes d’un fast-food. Un de plus. Sauf que cette fois, le policier a un étrange pressentiment : et s’il s’agissait d’un meurtre ? Si l’assassin avait profité de la situation, sachant bien que la police, depuis l’annonce de l’impact, classe sans suite tous les suicides ? Personne ne semble y croire, et pourtant, des détails clochent.

Avec « Dernier meurtre avant la fin du monde », Ben H. Winters signe le premier tome d’une trilogie d’anticipation « pré-apocalyptique ». Si l’intrigue est plutôt bien menée et que l’enquête est assez prenante, il ne s’agit pas là d’un grand roman policier. Le dénouement n’est pas diabolique, l’écriture reste classique. L’intérêt de l’ouvrage réside essentiellement dans l’univers que l’auteur a su créer, et dans la réflexion qu’il mène, au fil des pages, sur la nature humaine, révélée par l’imminence de la catastrophe. Les ressorts de notre société sont développés comme une photo en négatif, au coeur d’un monde qui n’a plus le coeur à avancer.

Dans ce livre où chaque individu se replie sur lui-même, seul le narrateur semble encore décidé à oeuvrer pour la communauté. Une opiniâtreté sur laquelle le lecteur ne manquera pas de s’interroger… car étonnamment, c’est peut-être le héros qui, droit dans ses bottes de flic, apparaît au final comme le plus anormal des personnages.

« Dernier meurtre avant la fin du monde », Ben H. Winters, Super8 éditions (2015), 350p., 18€
ISBN : 9782370560162

Note : 3,5/5

Laisser un commentaire